Trois questions à Gustave Blanchette - interprété par Stéphane Stubbé
Comme je le disais à mon éditeur, pour mon dernier roman "Hantez sans frapper", paru aux éditions La Consternation, le surnaturel a toujours été la base de ma littérature. Ce n'est que récemment que je me suis rendu compte que la vie que j'avais menée était truffée d'éléments aussi incongrus que peu naturels. Par exemple, voir une porte se refermer sur un simple claquement de doigts est une routine à laquelle je m'adonne aussi souvent que possible. Surtout quand des intrus se glissent, la nuit, à l'intérieur de ma chambre
Un pas de côté est vite arrivé, mieux vaut prendre ses précautions, non ?
Je me souviens de notre vieille servante, Tatiana, qui avait fui le régime soviétique et qui ne pouvait s'empêcher de voir des espions à la solde de Moscou partout et de repérer des micros cachés dans tous les murs du château. Elle s'entourait de mille précautions pour parler à voix basse, enjamber une marche sur deux dans les escaliers ou renifler tous ses repas de peur d'être empoisonnée. La pauvre est pourtant morte bêtement en se prenant le gros orteil dans un piège à rats qui l'avait fait hurler de douleur, se cogner au vaisselier en voulant se raccrocher à un meuble qui lui était tombé dessus, en l'écrasant comme une vulgaire souris.
Un mot sur la vie de château ? Rêve ou cauchemar ?
Longtemps, je me suis couché de bonne heure... dans un petit lit à baldaquin, guettant le moindre craquement saugrenu, le plus léger froissement émanant des tréfonds du château de mes ancêtres. J'avais du mal à trouver le sommeil. Parfois, le souffle de mes rêves se mêlait au grésillement de la réalité... une histoire fantastique naissait dans mon esprit. Je n'avais qu'à la retranscrire au petit matin, telle quelle. Après je me rendormais comme un nouveau-né et, souvent, je me réveillais au milieu de la journée, sans plus me rappeler du rêve que j'avais fait la nuit précédente. C'était presque un rêve sans fin...car c'était toujours le même.
Lien vers le CV de Stéphane Stubbé